Présentation du nouvel auditeur du travail de Liège

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Raphaël Malagnini est devenu, fin du mois de mai le nouvel auditeur du travail de Liège, en remplacement de Christian Gaber. Petit tour de sa carrière et de ses nouvelles fonctions avec ce désormais ex-magistrat du parquet fédéral.

Liège. Au deuxième étage de l’annexe Sud du Palais de Justice, un bureau accueille Raphaël Malagnini, devenu auditeur du travail de Liège le 22 mai dernier. La décoration de l’endroit est épurée (« Je n’ai pas encore ouvert tous mes cartons », précise le nouvel occupant des lieux) mais l’intéressé est prolixe lorsqu’il s’agit de parler de ses nouvelles fonctions.

Votre arrivée à l’auditorat du travail est, en fait, un retour.

Raphaël : A l’université, lors de certains cours de fin de cursus centrés sur le droit du travail ou la sécurité sociale, je me disais déjà qu’il s’agissait là des matière auxquelles j’aimerais me consacrer plus tard. Par la suite, que ce soit dans le cabinet d’avocats où j’ai travaillé puis en tant qu’assistant à l’ULg, mon intérêt pour ces thématiques ne s’est jamais démenti. Il n’était que logique de faire mon stage judiciaire au sein de l’auditorat du travail…

… où vous n’êtes pas resté.

Raphaël : Faute de place, je me suis ensuite dirigé vers le parquet où j’ai pu découvrir le droit pénal classique en tant que substitut du procureur du Roi de complément. Là, j’ai pu exercer des fonctions de management et de direction au sein de la section Etat-civil ; ce qui m’a beaucoup plu. J’aime, en effet, tout ce qui touche aux projets, au temps long. J’apprécie regarder plus loin que le dossier, étudier le contexte, tenter de voir comment améliorer les choses…

Vous êtes entré au parquet en 2010 et l’avez quitté en 2014.

Raphaël : Pour revenir à l’auditorat du travail de Liège, où une place de substitut de l’auditeur du travail s’était libérée. Dans le même temps, dans le cadre d’un projet visant à mieux appréhender les dossiers de fraude sociale grave et organisée, je me suis retrouvé à collaborer avec le parquet fédéral en tant que magistrat délégué. Un parquet fédéral où je suis réellement entré en 2016.

Lorsque la place d’auditeur s’est trouvée vacante, je n’ai pas hésité. 

Que retenez-vous de ce passage au parquet fédéral ?

Raphaël : Il y a eu les dossiers de terrorisme, de criminalité organisée mais aussi de fraude sociale grave et organisée. Nous avons réussi à faire preuve d’une certaine efficacité, mettant notamment par terre toute une organisation en lien avec les fraudes Covid et ce en très peu de temps. Pour un dossier financier d’une telle ampleur, c’était du jamais vu ; nous avons été redoutablement efficaces. Bref, je prenais toujours autant de plaisir à travailler dans le secteur de la fraude sociale. Autant dire que lorsque la place d’auditeur s’est trouvée vacante, je n’ai pas hésité.

Vous voilà désormais à la tête d’une toute autre juridiction.

Raphaël : Oui, je passe du parquet le plus connu du pays à une structure nettement plus confidentielle. Même si l’auditorat du travail de Liège, qui peut notamment compter sur vingt magistrats (sans oublier la police judiciaire, les services d’inspection…), est actif dans sept implantations réparties sur trois provinces (Liège, Namur et Luxembourg) avec des réalités sociales parfois très différentes et des approches qui doivent donc être calibrées en fonction.

Vous semblez confiant en l’avenir…

Raphaël : Suite à un travail extrêmement conséquent ces dernières années, 90% des dossiers de l’auditorat sont désormais informatisés. Il y a dix ans, c’était 0%. Nous avons tout pour être une marque forte au sein du ministère public. Car si notre travail est parfois méconnu, les contentieux que nous traitons sont pourtant très importants. D’où la pertinence de communiquer, d’expliquer ce que nous faisons au quotidien, nos missions… Cela permet de se faire connaitre mais aussi de s’interroger sur nos propres actions.

Des défis à relever ?

Raphaël : Le principal défi sera de définir ensemble une méthode de travail, la mettre en place et, enfin, tous se l’approprier et la vivre. D’un point de vue plus personnel, je serai quasi exclusivement dans le management et ne suivrai plus moi-même les dossiers… même si je garderai un œil dessus. Il va me falloir découvrir un nouveau métier : je serai toujours magistrat mais avec une fonction dont le contenu reste à découvrir.

Le travail en équipe semble être important à vos yeux…

Raphaël : J’ai commencé à faire connaissance avec tous mes collègues. J’ai par ailleurs l’intention de consacrer du temps avec chaque magistrat et tous les rencontrer individuellement. Un questionnaire couvrant différentes thématiques a été préparé. Il sera complété par les magistrats et les juristes. L’objectif, pour moi, est d’augmenter la qualité de mon information sur la manière dont chacun fonctionne, se positionne par rapport à ses dossiers… et, in fine, savoir comment encore améliorer les conditions de travail.

Le tout afin de poursuivre un double but.

Raphaël : La fonction des auditorats du travail est hyper importante dans le sens où elle permet de rééquilibrer les choses : elle tient en effet tant du pénal (où nous veillons à ce que ceux qui doivent payer payent) que du civil (où nous veillons à ce que les décaissements soient corrects, c’est-à-dire que chacun obtienne ce à quoi il a droit). Nous travaillons par contre à enveloppe fermée et devons dès lors faire avec des capacités d’enquête et humaines limitées. Il convient donc de regarder où nous serons les plus efficaces et où nous aurons le plus d’impact. Autrement dit, diriger notre action là où se trouvent les comportements qui nuisent le plus à la société.

Quelques chiffres pour terminer?

Raphaël : En 2023, l’auditorat du travail de Liège a permis de récupérer quelque 1.200.000 euros. Rien qu’au travers de transactions (amendes). Si l’on y ajoute les confiscations mais aussi la « peur du gendarme » - la crainte d’être sanctionné qui incite à respecter les règles -, je pense pouvoir affirmer que nous ne coûtons rien à l’Etat. Et cela risque de s’améliorer encore à l’avenir : notre ambition est en effet de récupérer des montants beaucoup plus significatifs, notamment en ciblant la grosse fraude. Non seulement nous sommes désormais en situation de faire mieux mais nous allons faire mieux !

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