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LES AFFAIRES SPÉCIALES DANS UNE AMBIANCE FAMILIALE

Juriste de parquet à Bruxelles en journée, romancier en dehors des heures et ancien juge anti-mafia, Alain Faidherbe ne cache pas son enthousiasme à travailler au sein de la section des affaires spéciales.

« J’étais âgé de six ans lorsque j’ai décidé que je voulais devenir magistrat. Notre voisin en Roumanie, le pays où j’ai grandi, était juge à l’époque. Le jour où je l’ai découvert dans une salle d’audience, j’ai fait « waouh ! » L’idée ne m’a plus jamais lâché, et encore moins au fur et à mesure de mes discussions avec ce voisin. Je me suis d’ailleurs toujours dit que si la Justice était une femme, je l’aurais épousée. »

“Si la Justice était une femme, je l’aurais épousée.

Quelques décennies plus tard, Alain Faidherbe n’a pas dérogé à son objectif et est aujourd’hui actif en tant que juriste au sein du parquet de Bruxelles où, après trois mois dans la section générale, il a été amené à faire usage de ses compétences et de son expérience dans un autre registre : les affaires spéciales.

« En résumé, on y traite de tous les dossiers à charge concernant des huissiers, des avocats, des militaires, une partie du personnel diplomatique, des représentants politiques… quand les faits en question ont été commis dans le cadre de leurs fonctions, explique-t-il. Nous sommes ainsi amenés à examiner des affaires diverses : finance, économie, grand banditisme, mœurs… C’est donc très varié ; aucune lassitude, on ne s’ennuie jamais. Pour le dire simplement : j’aime ce que je fais ! »

Vu son vécu, Alain Faidherbe parle en connaissance de cause : ses nombreuses années de carrière lui ont déjà offert un large panorama de ce que peut offrir la Justice. A commencer par ses jeunes années en Roumanie où l’intéressé a suivi le lycée en option philologie (« Que j’ai financé en travaillant comme croque-mort », précise-t-il posément) avant d’être diplômé en ingénierie spatiale et mécanique des fluides de l’Académie militaire de Bucarest (« Mon père souhaitait que je devienne ingénieur »).

En Belgique avec Amnesty International

Le Droit ? Ce sera encore plus tard, à l’université de Cluj-Napoca. « Je suis ensuite devenu juge puis président du tribunal de première instance et juge au tribunal correctionnel, relate-t-il. Je faisais alors office de juge d’instruction et ai par ailleurs fait partie du premier pool anti-mafia du pays. Ce qui m’a amené à tomber sur une vaste affaire de blanchiment qui remontait jusqu’au gouvernement de l’époque… Je me souviens encore du jour où nous l’avons présenté devant le Sénat, assemblée dont deux tiers des membres avaient leur nom dans le dossier en question, des Sénateurs qui quittaient l’hémicycle pendant l’exposé… »

Le plus important, c’est cette possibilité d’aider des gens.

C’est grâce à une voiture diligentée par Amnesty International qu’Alain Faidherbe parviendra à quitter la Roumanie pour rallier la Belgique, en décembre 2001. Et y entamer un nouveau chapitre de sa vie, quitte à devoir refaire ses études de droit. Ce qui est logique, vu les différences entre les deux codes pénaux et les procédures inhérentes. Résultat : après trois ans et une vingtaine d’examens, une licence en droit venait s’ajouter à un CV déjà fort complet.

Le tout alors que le français n’est pas sa langue maternelle. « En arrivant en Belgique, je ne savais dire que « merci », se souvient ce grand amateur de Jules Verne, Victor Hugo... qu’il a d’abord lus en roumain avant de pouvoir les redécouvrir dans leur langue originale. J’ai tenté des cours Afterwork LES AFFAIRES SPÉCIALES DANS UNE AMBIANCE FAMILIALE Texte de Geoffroy Herens Photos de Geoffroy Herens et Sebastiaan Buts de français mais, après six semaines, on en était toujours à l’indicatif présent. J’ai donc décidé d’apprendre tout seul en lisant, en écrivant... Avoir travaillé comme clerc de notaire pendant six mois m’a bien aidé. »

Quelque 500 lettres de motivation plus tard, un coup de fil de l’avocat général du parquet général de Bruxelles. Le profil d’Alain Faidherbe les intéresse. « J’ai cru à une blague et j’ai raccroché, reconnait-il. Ils ont rappelé et m’ont fixé un rendezvous… auquel je ne me suis pas présenté. J’étais réellement persuadé que ce ne pouvait être vrai. Ils m’ont heuresement contacté une troisième fois… et j’ai pu faire mes débuts au parquet général. »

On rigole… et on travaille

Passé un an, arrivée au parquet de Bruxelles où, après un trimestre, il troque la section générale pour les affaires spéciales. Un cadre de travail dont il ne parvient pas à cacher l’attrait qu’il suscite.

« Il y a, d’une part, l’ambiance, le contact avec les autres membres du personnel, sourit-il. Le parquet de Bruxelles, c’est comme une famille. Peut-être est-ce dû à la manière de fonctionner des magistrats, du procureur du Roi… ? Mais le sérieux reste de mise : il y a des moments où l’on rigole mais quand il faut travailler, on travaille ! Intellectuellement parlant, j’ai le plaisir de toujours pouvoir traiter des dossiers que je n’ai pas encore rencontrés ; c’est chouette de pouvoir continuer à apprendre son métier. Et puis, en affaires spéciales, on collabore avec des magistrats d’expérience qui, c’est à souligner, ont toujours réponse aux questions. »

Sans parler de l’engouement personnel de pouvoir continuer à donner vie à un rêve d’enfant : œuvrer au profit de la Justice. « Ma satisfaction, c’est de traiter les dossiers, constate Alain Faidherbe. Le plus important, c’est cette possibilité d’aider des gens, d’être présent pour les justiciables ; cela dans un sens ou dans l’autre car il y a aussi des plaintes qui sont abusives. L’attractivité de la profession tient aussi aux perspectives de carrière et au salaire, on ne va pas se le cacher. »

De quoi expliquer cette motivation à relier quotidiennement La Louvière à Bruxelles. Soit deux fois une heure et trente minutes de trajet… quand tout va bien. « Quand les trains sont supprimés, ça devient embêtant, relate celui qui est par ailleurs un pilote d’avion et d’hélicoptère confirmé. Ou les retards quand on signale des chèvres sur les voies. On a même, une fois, dû faire avec des chameaux. Véridique !»

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