En clair: Disparitions

Chaque année, des centaines de disparitions inquiétantes ont lieu dans notre pays. Mais quand une disparition devient-elle inquiétante ? Comment le ministère public contribue-t-il à la recherche de personnes disparues ? Et qu’en est-il de l’accueil des proches ?

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Chaque année, des centaines de disparitions inquiétantes ont lieu dans notre pays. Mais quand une disparition devient-elle inquiétante ? Comment le ministère public contribue-t-il à la recherche de personnes disparues ? Et qu’en est-il de l’accueil des proches ? Gilles Blondeau, magistrat de référence en matière de disparitions au parquet de Hal-Vilvorde, donne des explications.

Lorsqu’une personne soupçonne un membre de sa famille, un proche ou une connaissance d’avoir disparu, elle doit faire une déclaration à la police locale dans les plus brefs délais. Chaque déclaration est prise au sérieux. « Dès la déclaration faite, la police effectue toujours plusieurs missions (de base), explique Gilles Blondeau. Collecter les données de la personne disparue, signaler la disparition, se renseigner auprès des hôpitaux, effectuer des vérifications auprès des membres de la famille et des amis, etc. Ensuite, la police s’efforce de déterminer s’il s’agit d’une disparition inquiétante. »

Pour ce faire, six critères différents ont été fixés dans une directive. « Le premier critère est que la personne disparue a moins de 13 ans. Le deuxième, que la personne disparue présente un handicap (physique ou mental) ou manque d’autonomie. Le troisième, que la personne disparue suit un traitement médical ou doit prendre des médicaments vitaux. Le quatrième, que la personne disparue est présumée être en danger de mort. Le cinquième, que la personne disparue est présumée être en compagnie de tiers qui pourraient constituer une menace pour son intégrité (physique, mentale ou morale) ou risque d’être victime d’un fait délictueux. Et le sixième, que l’absence de la personne ou la durée de cette absence est en contradiction totale avec son comportement habituel. Si une disparition répond à au moins l’un de ces critères, elle doit être considérée comme inquiétante », ajoute Gilles Blondeau.

Le cas échéant, l’officier de garde de la police et, ensuite, le parquet compétent sont contactés. Au sein du parquet de Hal-Vilvorde, où Gilles Blondeau travaille, les premiers devoirs urgents sont effectués après avoir contacté le magistrat de garde. « À cette occasion, le ministère public peut en demander plusieurs : une enquête bancaire et téléphonique, une enquête de voisinage élargie, des actions de recherche, une analyse ADN, etc. Par ailleurs, il peut avertir la cellule “Personnes disparues” et/ou Child Focus ou demander l’intervention du laboratoire. » Ensuite, en tant que magistrat de référence en la matière, Gilles Blondeau assure le suivi des enquêtes.

À un moment déterminé, le magistrat chargé de l’enquête peut estimer que l’ouverture d’une instruction est nécessaire pour l’affaire. « S’il y a une indication qu’il s’agit d’une disparition criminelle, par exemple d’un meurtre ou d’un homicide, nous requérons l’ouverture d’une instruction par un juge d’instruction, qui peut ordonner une arrestation, une écoute téléphonique ou une perquisition. »

 

À la recherche de la correspondance parfaite

Dans le cas de disparitions de longue durée (plus d’un mois), il est important d’établir le profil ADN de la personne disparue. « La plupart des cas de disparitions sont résolus en quelques jours, mais en cas de disparitions de longue durée ou lorsque des restes humains non identifiés sont retrouvés, il est important d’établir le profil ADN de la personne disparue ou des restes trouvés. Ces données sont ensuite intégrées dans la banque de données ADN “Personnes disparues”. »

« Dans la pratique, cela signifie que, lors des premières perquisitions, nous saisissons des objets spécifiques, tels qu’une brosse à dents, une taie d’oreiller ou un vêtement, pour établir le profil ADN. Ces données sont intégrées dans la banque de données ADN, ce qui implique l’établissement de liens à l’échelle nationale et internationale entre des personnes disparues et éventuellement avec des restes humains découverts plus tard. Il est déjà arrivé à plusieurs reprises que des personnes se jettent ou tombent dans l’arrondissement de Hal-Vilvorde et que leurs corps ou des parties de ceux-ci soient ensuite retrouvés dans l’Escaut à Anvers. Comme nos collègues d’Anvers et notre parquet encodent les données ADN dans la banque de données, une correspondance est rapidement trouvée. »

Les causes des disparitions sont variables. « Ainsi, la disparition peut être accidentelle (accident, mort naturelle, etc.) ou de nature criminelle (enlèvement, meurtre, homicide, etc.), mais elle peut également être volontaire, par exemple dans le cas d’un suicide ou d’un départ volontaire, lorsqu’une personne émigre à l’étranger et ne veut pas que tout le monde sache où elle se trouve. »

 

Assister les proches

Dès la déclaration de la disparition, les services de police et les autorités judiciaires accordent une attention et une assistance particulières à la famille et aux proches. « Dans un premier temps, le service de police qui a reçu la déclaration de la disparition assistera les proches de la personne disparue et les informera du déroulement de l’enquête par l’intermédiaire de l’assistant ou des assistants aux victimes désignés. Il peut également mettre les proches en contact avec Child Focus. Par ailleurs, en cas de disparition inquiétante, le ministère public désigne le service d’accueil des victimes de la maison de justice compétente, afin qu’un assistant de justice puisse offrir un soutien tout au long de la procédure judiciaire. »

« Dans la majorité des cas, le parquet et les proches des personnes disparues n’ont pas de contact direct, afin de conserver une certaine distance professionnelle et de pouvoir prendre des décisions rationnelles pendant l’information. Dans certains cas, par exemple lors de réunions de coordination ou d’actions de recherche, des contacts personnels sont établis avec les proches. Il est alors important de faire preuve de l’empathie nécessaire, mais également de leur donner des informations professionnelles, correctes et claires concernant le déroulement de l’enquête. »

Mener à bien la recherche

Il n’est pas simple de penser à autre chose lorsque vous exercez une profession qui vous met en contact avec des personnes et leur souffrance. « Un dossier qui est resté gravé dans ma mémoire est celui d’un étudiant décédé d’une chute accidentelle dans le canal à Vilvorde pendant la nuit du Nouvel An de 2020. Alors que nous examinons et traitons la plupart des dossiers à distance, nous nous étions rendus sur place cette nuit-là pour effectuer l’une des missions de recherche dans le cadre d’une réunion de coordination. Le fait d’être confronté en première ligne aux sentiments d’incertitude et d’inquiétude des parents, des membres de la famille et des amis de ce jeune a laissé une marque indélébile. Si nous sommes un jour confrontés à une disparition inquiétante d’un enfant, ce sera probablement difficile aussi, car je suis moi-même papa de jeunes enfants. Heureusement, nous n’avons pas encore connu cette situation au sein de notre parquet. Lorsque je rentre à la maison, je m’efforce toutefois de penser à autre chose. »

Chaque disparition implique nécessairement une contrainte de temps. « En cas de disparitions inquiétantes, il est important de retrouver les personnes disparues dans les 24 heures. Parfois, la recherche peut durer jusqu’à 48 heures, ce qui fait augmenter fortement la tension. Le seul objectif consiste à localiser la personne disparue au plus vite et à mener à bien la recherche. Dans certains dossiers, malgré une recherche très poussée, il n’est cependant pas possible de découvrir ce qui est arrivé à la personne concernée. Ainsi, je garde toujours à l’esprit un dossier datant de 2012 concernant la disparition (criminelle) d’un joueur professionnel de volleyball de Gooik. Il est parti en quad et n’est jamais rentré chez lui. Le quad et le joueur se sont volatilisés. Ces dossiers non résolus restent dans mon esprit et je tente régulièrement de les remettre sur la table avec nos partenaires lors de nos nombreuses réunions. Dans l’espoir de trouver de nouveaux éléments afin de parvenir à une solution. Pour les membres de la famille et les proches. »

 

Article issu du MP en bref, magazine du ministère public.

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