Afterwork D’animatrice radio à magistrate en formation

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Son diplôme de juriste en poche, elle a effectué un stage à la VRT, puis animé des émissions pour la radio locale,  avant d’embrayer comme collaboratrice de presse puis juriste au parquet de Flandre orientale. La passion pour la communication, la radio et la justice traverse comme un fil rouge l’existence d’Alexandra Verhaeghe. Aujourd’hui, elle réalise un nouveau rêve : celui de devenir magistrate.

Au moment de se lancer dans les études, Alexandra balançait entre plusieurs orientations. « J’ai hésité entre les langues et la littérature, le journalisme, la psychologie et le droit. Finalement, c’est le droit qui s’est imposé. Pour autant, je n’ai pas pu me défaire de ma passion pour le langage et la communication. J’aime travailler au moyen du langage sur ce qui concerne le sociétal, sur ce qui se passe dans le monde. C’est pourquoi, lorsque, juriste fraîchement diplômée, j’ai reçu une offre d’emploi au service de communication du parquet de Flandre orientale, je n’ai pas hésité. Mes deux passions s’y rencontraient : la communication et la justice. »

Lorsqu’elle était collaboratrice de presse au parquet de Flandre orientale, Alexandra a créé un podcast, dans lequel elle souhaitait éclairer les citoyens sur des sujets relatifs au parquet. « Je pense qu’il est important que l’exercice de la justice ne soit pas cantonné à la salle d’audience, mais s’ouvre sur l’extérieur. Et cela d’autant plus à l’heure où la confiance des citoyens en la Justice tend à s’émousser. Plusieurs fois, il est arrivé que l’un ou l’autre de mes amis me demande en quoi au juste consistait le travail d’un parquet. Bien que la notion de “parquet” ne leur soit, évidemment, pas inconnue, ils ne savaient pas précisément de quoi il retournait. Au parquet de Flandre orientale, j’ai eu la possibilité de créer une série de podcasts pour répondre à ces questions. J’ai toujours beaucoup aimé la radio. Pendant mes études, je travaillais pour la radio de l’université à Louvain, ainsi que pour l’émetteur d'une station locale, à Aalter.. Je savais donc déjà comment m’y prendre pour créer un bon podcast (rires). »

Un stress test efficace

Après un an en tant que collaboratrice de presse, le moment était venu pour Alexandra de mettre à profit son bagage de juriste, et c’est en cette qualité qu’elle a été recrutée au parquet de Flandre orientale. Aujourd’hui, elle est prête à exercer le métier de ses rêves : magistrate. « Le ou la juriste de parquet assiste les magistrats et travaille pour eux et avec eux au traitement et à l’examen des dossiers, explique-t-elle. Me rendre en salle d’audience, interagir avec les partenaires de la Justice et faire des gardes de nuit comme les magistrats, c’est ce que je désirais. »

C’est ainsi qu’Alexandra s’est inscrite à l’examen d’accès au stage judiciaire. « Vous passez d’abord un examen écrit, où vous vous efforcez de résoudre un cas du mieux que vous pouvez. Ensuite, vous êtes invité(e) à passer plusieurs tests analytiques et psychologiques. Enfin, vous passez un examen oral devant le Conseil supérieur de la justice. C’est un moment assez stressant, où l’on examine plus en profondeur votre parcours, l’aspect psychologique du métier, la manière dont vous avez réussi l'examen écrit, et où l’on vous pose quelques questions juridiques supplémentaires. Autant vous dire que c’est un stress test efficace (rires). Ensuite, il ne reste plus qu’à attendre le courrier potentiellement salvateur qui vous dira si vous avez réussi. »

La bonne nouvelle n’a pas tardé, et Alexandra a été autorisée à entamer son stage judiciaire de deux ans : la première année auprès du ministère public (parquet de Flandre orientale) et la deuxième année au Siège (tribunal de première instance de Louvain), qu’elle effectue actuellement. « Pendant le stage au ministère public, vous exercez, sous supervision et plus tard de manière plus indépendante, la fonction de magistrat. Vous êtes assis(e) à côté du magistrat, comme un copilote, et vous contribuez à la prise de décision. Vous avez en quelque sorte le luxe d’être aux premières loges. Au bout de six mois de stage, vous êtes autorisé(e) à vous rendre seul(e) aux audiences. En outre, vous effectuez des services de jour et de nuit, et vous êtes en contact étroit avec la police. Vous y êtes très bien préparé(e) par votre maître de stage. »

Les premiers services de nuit sont très enthousiasmants, comme Alexandra a pu en faire directement l’expérience. « Lors de mes premières gardes de nuit, il s'agissait principalement d'admissions forcées et de disparitions. Ces cas m'empêchaient de dormir et je réfléchissais à des pistes possibles. J'étais mal à l'aise et je voulais tout suivre. L’adrénaline vous aiguise l’esprit. En situation de crise, j’arrive toujours à garder la tête froide et à rester rationnelle, ce qui est nécessaire pour ne pas se laisser submerger. Toute la nuit durant, de nouvelles situations arrivent, sur lesquelles il faut garder une bonne vue d’ensemble, qu’il s’agisse d’une affaire de mœurs, d'un vol avec violence jusqu'à un décès. Tout cela peut se produire en une seule nuit. »

Déplacer les pierres

Il arrive que certaines situations ne se règlent pas rapidement. « Je me souviens, par exemple, pendant mon service de nuit, d’un Syrien qui avait bu du Dettol et s’était enfui. La police a pu l’intercepter, mais il fallait encore trouver un interprète arabe pour que le psychiatre, la police et la personne concernée puissent discuter. Vous mettez alors tout en œuvre pour trouver l'interprète qui peut se rendre aux urgences psychiatriques à 22 h un dimanche soir. En outre, les cas de violence intrafamiliale sont également fréquents, et vous prenez alors les mesures les plus appropriées pour sécuriser la situation familiale. Il est satisfaisant de pouvoir contribuer à faire la différence grâce à son engagement. On commence par déplacer une pierre, puis on en déplace une autre et encore une autre. Et au sein de la Justice, il y a beaucoup de pierres à déplacer (rires) ».

Le stage d’un an au parquet a été suivi par un stage d’un an au Siège. « Pendant mon stage au tribunal de première instance de Louvain, je prépare l'audience avec le juge. Je consulte les dossiers, lis le projet de ce qui est soumis à discussion, participe à l'audience et délibère avec le juge. Puis, je rédige le jugement et le remets au juge, qui me donne son feed-back. Comme vous avez plusieurs audiences chaque semaine, vous pouvez évoluer très rapidement et apprendre à rédiger un bon jugement. Il est également intéressant d’être présent au tribunal et d’observer la dynamique entre les parties, le ministère public et le tribunal. »

Un serpent des blés en fuite

Au cours du stage judiciaire, les magistrats en formation ont en outre la possibilité d’effectuer un stage externe auprès de partenaires de la Justice et doivent suivre de nombreux cours théoriques et pratiques afin de se préparer pleinement au métier de magistrat. « Pendant le stage judiciaire de deux ans, vous effectuez un stage de deux mois et demi auprès d’un partenaire de la Justice : un service de police, une prison ou une maison de justice. Avec la police, par exemple, vous pouvez monter dans le combi pour participer à une intervention. Et quand vous roulez à grande vitesse toutes sirènes hurlantes sur le ring de Gand, autant vous dire qu’il faut vous accrocher (rires). »

« Je me souviens également d’un appel qu’a reçu la police à propos d'un serpent des blés qui avait été volé. Je me sentais très peu à l’aise une fois arrivée dans la maison en question, entourée de tarentules, de phasmes et d’autres animaux exotiques. Grâce à ce stage, vous vous rendez dans des endroits où le magistrat de parquet lui-même ne va pas. Le magistrat, derrière son bureau, reçoit un dossier à la lecture duquel il découvre que "ok, un serpent volé"... Vous voyez également de près comment les perquisitions sont menées, comment les GSM sont lus et l'impact que tout cela a sur le fonctionnement opérationnel de la police.  »

Au plus près des personnes

Quoi que l’avenir lui réserve, Alexandra se sent tout à fait prête à se mettre au service de la société. « J’aime être au plus près des faits et des personnes. Au parquet, vous êtes le premier maillon de la chaîne judiciaire et vous pouvez vraiment vous efforcer de faire la différence. C’est ce qui me plaît le plus. Mais je n’exclus pas d’aller un jour au Siège. »

« Ce qui est formidable dans ce stage, ajoute-t-elle, c’est qu’il permet de se faire une idée de la Justice dans son entièreté et sa globalité. Vous êtes au contact de situations qui font l’objet d’articles dans la presse et auxquelles la société est vraiment confrontée. Vous rencontrez également de nombreuses personnes. Avec les autres magistrats en formation, nous suivons des cours théoriques et pratiques, et nous échangeons à propos de nos expériences de stage. Nous avons même un groupe WhatsApp où nous partageons nos petites nouvelles en matière de mariages et de bébés (rires). Désormais, ce sont des collègues pour la vie. Certes, le travail est difficile et comporte de lourdes responsabilités mais le retour est tellement satisfaisant. Les magistrats du parquet de Flandre orientale m’ont dit, que le stage judiciaire avait été le meilleur moment de leur vie. Je confirme ! »

 

Article issu du MP en bref, magazine du ministère public.

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